L’enfant en excès de poids : Bien comprendre pour mieux agir (22ème journée d’étude du CEDE)

Le Club Européen des Diététiciens de l’Enfance est la référence européenne dans la pratique de la nutrition pédiatrique, de la conception à l’adolescence. J’ai participé le 23 mars 2018 à la 22e journée du CEDE à Bruxelles. Une journée passionnante, animée par des intervenants remarquables. De nombreux thèmes très intéressants ont été étudiés, j’ai choisi de partager avec vous deux des sujets qui m’ont particulièrement passionnés.

Programmation métabolique : Les déterminants précoces de la santé future de l’enfant

Présenté par Martine ROBERT, Diététicienne pédiatrique en chef à l’Hôpital Universitaire Des Enfants Reine Fabiola (HUDERF) et présidente du CEDE.

L’épigénétique est au cœur de cette programmation métabolique, elle s’oppose à la génétique car elle est malléable et non immuable. En effet durant les « 1000 jours » (de la grossesse aux deux ans), de multiples facteurs (alimentation, stress, tabac…) vont venir provoquer une réponse métabolique adaptative chez l’enfant. Cette réponse adaptative modifie son profil métabolique et engendre plus ou moins des risques de contracter plus tard des maladies à l’âge adulte.

Marine Robert a également évoqué l’étude « Childhood obesity: early programing by infant nutrition » (CHOPIN), financée par la Commission européenne, qui a permis de démontrer scientifiquement, entre autres, pourquoi les enfants allaités avaient un BMI (IMC) moindre que les enfants nourris au lait maternisé industriel. Le lait industriel contient plus de protéines que le lait maternel ce qui expliquerait cette différence de BMI. En effet, l’apport excessif en protéines est pointé du doigt, il entraine une cascade de réactions chimiques empêchant la dégradation des graisses et augmentant la concentration des cellules adipeuses dans le sang.

L’essentiel…

La prévention auprès des jeunes femmes en âge de procréer et des femmes enceintes est essentielle. Une alimentation équilibrée de la mère est bénéfique pour la santé d’aujourd’hui et de demain de son enfant. Il est déconseillé de donner aux enfants de moins de trois ans, les laits de vaches, chèvres et brebis qui sont trop riches en protéines, ainsi que les laits infantiles industriels contentant trop de protéines. Le lait maternel (un gramme de protéine pour cent millilitres), de par sa composition adaptée, contient la bonne proportion entre les lipides et les protéines pour une croissance harmonieuse de l’enfant.

Microbiote intestinal et obésité, quel lien ? 

Présenté par le docteur en sciences biomédicales et pharmaceutiques Céline DUART

Le microbiote intestinal (ou flore intestinale) est l’ensemble des bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes qui compose notre barrière intestinale.

Ses fonctions :
  • La protection : la flore commensale combat la flore pathogène
  • La digestion des glucides non digestibles (par fermentation)
  • La stimulation immunitaire
  • La Production de vitamine K et de vitamines du groupe B

Il est dorénavant évident que ce lien entre microbiote et obésité existe, plusieurs études, avec comme support des expériences sur souris GERM-FREE (totalement sans germes), ont permis de montrer ce lien.  Lors d’un transfert de microbiote, d’une souris obèse à une souris de corpulence normale ayant une alimentation normo-énergétique, la souris receveuse a tendance à répliquer l’obésité de la souris donneuse.

Les prébiotiques (présents dans les aliments) et les probiotiques (micro-organismes vivants : bactéries/levures) trouvent alors toutes leur utilité. Des études basées sur une supplémentation de l’alimentation en prébiotique sur des sujets en surpoids ou obèses, ont permis de constater malgré des BMI (IMC) en augmentation, des améliorations des compositions corporelles (diminution de la masse grasse).

L’essentiel…

Ces découvertes nous encouragent à diversifier notre alimentation. En effet, une alimentation riche en prébiotiques renforce notre microbiote et donc notre système immunitaire. Attention aux régimes sans FOBMAP, se priver des aliments fermentescibles altère la flore intestinale bénéfique à notre santé.

Les aliments riches en prébiotiques

Conclusion de cette journée très riche en contenu

D’après l’étude CHOPIN, la moitié des parents d’enfants obèses ne s’inquiète pas pour la santé de leur enfant. Un accompagnement adapté et collaboratif entre les soignants, la famille et l’enfant est indispensable pour la réussite de la prise en charge de l’obésité infantile. Un enfant de onze ans sur trois en Europe souffre d’obésité ou de surpoids, promouvoir une alimentation équilibrée et variée, auprès des enfants et des familles, devient une urgence sanitaire majeure.